Le second tour des élections régionales se déroule après-demain. Dans la moitié des régions françaises, le Front national est en position de l’emporter. Dans le centre Val-de-Loire, la situation est extrêmement serrée entre ce parti et la liste conduite par François Bonneau, avec les écologistes, dans un large rassemblement des forces politiques de gauche, celles-là mêmes qui ont mené des politiques concrètes de solidarité et construit une région accueillante, innovante et bienveillante depuis 17 ans.
Il est clair qu’Europe Écologie Les Verts appelle à voter et faire voter pour cette liste d’union
Il faut assurer à notre région une gouvernance apaisée et progressiste, mais nous savons bien que cela ne peut clore le débat.
Un vote qui fait obstacle au pire
Au vu des résultats du premier tour, on pourrait se dire que des thèses simplistes et sectaires, plus ou moins maquillées de promesses sociales, ont su séduire les électeurs. Il serait donc démocratique que ces options s’appliquent dans certaines régions. Mais ce n’est pas si évident. L’enjeu va bien au-delà. Qu’on le veuille ou non, qu’il réussisse ou pas à le dissimuler, le Front national projette de mettre en place un véritable système de captation du pouvoir. Pour cela, il entretient des mirages économiques et sociaux, il exacerbe les antagonismes et les discriminations dans la population, il tente de nous asservir à un ordre des choses prétendument intangible. Et dans tout cela, bien entendu, nulle préoccupation environnementale. Seul compte le fait de se venger de torts qu’il n’a pas subis et d’imprimer sa marque sur le mode de vie des uns et des autres. Dans le sens où le projet de société du Front national, quels que soient les masques dont il se grime, piétine la liberté, l’égalité et la fraternité, on peut sans doute dire qu’il ne s’agit pas d’un projet républicain. Il est donc logique qu’on lui oppose un front républicain, à condition d’en définir la portée réelle.
En effet, si l’on s’en tient seulement à « faire barrage » au FN, on nous objectera que la diabolisation de ce parti n’a jamais apporté de solutions et ne l’a pas empêché de développer son emprise et d’imposer ses thèmes privilégiés dans le débat. C’est vrai. Le seul rejet du FN ne peut rien. Ce qu’il faut combattre, ce sont ses idées plus que ses dérapages, ses fausses réponses plutôt que les questions qu’il pose. Et bien entendu, il faut reconstruire un projet plus humain, partagé à l’échelle locale, nationale et européenne, un projet de vivre ensemble qui vienne des citoyens eux-mêmes plus que de leurs représentants. Mais si la diabolisation du Front national n’est pas pertinente, sa banalisation ne le serait pas plus. On ne peut pas s’incliner devant sa séduction et accepter qu’une population excitée et trompée puisse lui abandonner nos droits et lui sacrifier nos libertés. Il est donc légitime de lui opposer ce barrage républicain. Parce que si on laissait passer le flot, ou si le barrage venait à céder, le paysage politique s’en trouverait totalement dévasté et avec lui tout ce qui fait la cohésion de notre société.
Un vote qui ne doit pas nous endormir
Si la mobilisation est à la hauteur de l’enjeu et si la liste de François Bonneau est amenée à gouverner la région Centre Val-de-Loire dans les années qui viennent, les écologistes ne considèrent pourtant pas que les choses s’arrangeront d’elles-mêmes.
C’est pour cela que notre projet comporte des propositions concrètes pour associer plus étroitement les citoyens aux décisions. Un budget participatif dans les lycées, des ateliers du futurs pour co-construire les nouvelles politiques régionales … Nous sommes convaincus que la relation entre les habitants et leurs représentants peut se renouer autour de pratiques participatives.
En tant que parti politique nous voulons continuer à aller à la rencontre de toutes et tous nos concitoyen.ne.s comme nous l’avons fait à propos des changements climatiques. Nous ne sommes ni au-dessus ni à côté de la population de notre territoire. Nous en faisons partie dans la vie quotidienne, dans les associations, dans les moments de fête et dans les moments graves, à la ville et à la campagne, le plus souvent sans afficher nos slogans mais juste pour partager des idées, des émotions, des rires. Est-ce que vous avez déjà vu un militant du Front national animer une zone de gratuité, ramasser les déchets en bord de Loire, passer du temps à s’occuper d’autrui ?
Il faudra dès lundi poursuivre nos efforts de cohésion et d’échange comme avant, en n’oubliant jamais de rassurer ceux qui s’imaginent que la France est en panne, que les étrangers n’y sont pas porteurs de richesses et d’espoir, que les solidarités nous coûtent plus qu’elles ne nous apportent. Nous resterons désintéressés avant tout, débonnaires, décroissants, décontractés, délirants, … et déterminés.
Pour pouvoir vivre cela et le partager avec le plus grand nombre, il faut empêcher que ce dimanche soit un jour de rupture, il faut laisser une porte ouverte.