Une urgence : rénover le réseau ferroviaire

Le statut de lanceur d’alerte est bien amer lorsque survient une catastrophe redoutée. Et nos pensées se tournent avant tout vers les victimes, vers leurs familles et vers les blessés qui auront à souffrir de cet accident dramatique durant toute leur existence.
Nous ne souhaitions pas réagir dans l’urgence, par respect, mais nous avons également à cœur de soutenir les associations d’usagers dans leurs appels quotidiens.
L’émotion est en effet grande parmi les Orléanais, puisque chacun d’entre nous a craint la présence d’un proche dans ce train. Qu’il ne soit pas l’un de ceux qui desservent Orléans en empruntant ce trajet est une coïncidence qui n’éloigne pas la douloureuse prise de conscience de l’urgence absolue à améliorer la sécurité sur ces lignes utilisées quotidiennement par plusieurs dizaines de milliers de voyageurs.

Avec d’autres, trop peu nombreux malheureusement, surtout parmi les élus des collectivités orléanaises, les représentants EELV ont refusé récemment de cautionner le soutien par les collectivités territoriales du vœu proposé par l’association « TGV grand Centre Auvergne » pour convaincre de l’« urgence » de la ligne Paris-Orléans-Clermont-Lyon (POCL). Quand bien même une timide mention sur l’importance de la complémentarité avec la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) était ajoutée, les enjeux financiers sont tels pour ce qui concerne ces LGV qu’il faut être bien naïf pour imaginer que pourrait être maintenue suffisamment de marge financière pour entretenir les anciennes lignes de façon ambitieuse. D’autant plus naïf que ce constat de l’abandon des lignes classiques au profit de la très grande vitesse ne date pas d’aujourd’hui. Nombreuses ont été les prises de position en ce sens depuis une trentaine d’années…

C’est dans ce contexte que nous nous étions récemment réjouis de la tonalité du récent rapport « Mobilité 21 », qui tendait à remettre enfin l’ordre des priorités dans le bon sens.

Bien des débats auront lieu dans les semaines qui viennent pour analyser la cause précise de cette catastrophe dramatique. Quoi qu’il en soit cependant, rien ne pourra minimiser le risque que la vétusté des installations fait peser sur les milliers de voyageurs quotidiens sur cette ligne comme sur beaucoup d’autres.
Comme l’a souligné Pierre Serne, élu EELV vice-président en charge des transports à la région Île-de-France, dans Libération, le réseau ferroviaire d’Ile-de-France est saturé et difficile à entretenir. Finalement, « il y a eu à Brétigny une conjonction de facteurs, avec les trains les plus vieux circulant sur l’un des pires points d’un réseau vétuste. Il faut attendre les résultats de l’enquête, mais les professionnels savent que le matériel et le réseau sont à bout de souffle ».

À la suite du rapport « Mobilité 21 » et de cet effroyable accident ferroviaire, tournons la page de la primauté accordée au TGV, et consacrons en urgence les investissements qui seront nécessaires pour la modernisation du réseau de proximité et l’amélioration des conditions de déplacements pour les usagers au quotidien. La sécurité de tous vaut plus que le gain de quelques minutes dans le cadre d’un déplacement d’affaires entre grandes métropoles européennes.