Une politique écologique modeste, excessivement modeste

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Suggérer, à l’occasion de la visite de Jean-Louis Borloo à Orléans, que le Grenelle de l’environnement est sur de bons « rails » est sans nul doute particulièrement excessif ! La République du Centre, dans l’article du 7 septembre relatant la visite du ministre, porte un jugement de valeur étonnant sur le communiqué d’Europe Écologie et des Verts, en estimant ses termes « peu amènes et sans doute excessifs ». Le propos est certes critiques mais n’a rien d’excessif, tant il est facile de montrer que les avancées politiques en faveur de l’écologie ont toutes été entravées, reportées ou abandonnées…
Depuis 2008 et la dernière visite de Jean-Louis Borloo à Orléans, rien n’a avancé au plan de la politique environnementale, bien au contraire. Nous allons de recul en recul sur les espoirs qu’avait pu faire naître le Grenelle de l’environnement.
L’actualité, au niveau national, c’est de supprimer toutes les mesures fiscales qui encouragaient les constructions et les transports de moindre impact écologique. C’est aussi la relance de nombreux projets autoroutiers inutiles et incohérents.
Au niveau local, la 2e ligne de tram, lancée à reculons, souffre de choix qui ne permettent pas de résoudre quelques points-clés : la circulation ne se fera pas totalement en site propre ce qui réduira la vitesse commerciale à un niveau trop faible pour que le tram soit une alternative crédible à la voiture; le tracé laborieusement conçu bafoue l’inter-modalité…Mais il y a aussi de nombreux projets de routes, de ponts et de places de parking en centre ville, un grand équipement sportif en bord de Loire… Des projets dispendieux dont feront les frais de nombreux autres projets, comme celui d’un éco-quartier ambitieux, toujours au point mort.
Serge Grouard vise le prestige en centre-ville, quoiqu’il en coûte à Orléans et son AgglO, ses finances, son environnement…
À chaque difficulté, Serge Grouard et Charles-Éric Lemaignen arbitrent contre l’écologie. Leurs priorités vont aux ponts, aux déplacements routiers ou à l’Arena. Des projets qu’ils imaginent bien à tort valorisant pour l’image d’Orléans. Une politique d’urbanistes d’une autre génération, qu’il faut absolument dépasser aujourd’hui.

Selon le maire d’Orléans lui-même, la ville avance dans tous les domaines du Grenelle « modestement, mais avec détermination ». En terme d’affichage, de « mousse médiatique » comme aime à dire Serge Grouard, la notion de « modestie » ne me serait pas venue à l’esprit, loin de là ! Par contre, en terme de réalisations, « modestement » est un euphémisme ! Il suffit de comparer avec les nombreuses réalisations d’autres villes en terme de constructions durables, de transports collectifs et de déplacements doux, pour le bio dans les cantines comme pour de nombreux autres sujets sur lesquels j’aurais l’occasion de revenir dans les mois à venir…
Le communiqué mis en ligne par la ville sur son site internet à l’occasion de cette visite ministérielle recèle une autre petite incongruité : Serge Grouard s’y flatte en premier lieu du fait que les travaux du tram ont cet été « pulvérisé la cadence » ! Quelques semaines gagnées cet été, en regard des années perdues en atermoiements ridicules sur le choix du type de transport… l’argument est particulièrement mal venu, d’autant que nous ne sommes pas au bout de nos peines, comme on a pu le voir récemment avec le problème des cavités karstiques du faubourg Madeleine. Il y a fort à craindre qu’il n’y ait encore des retards et des surcoûts… Le dossier de la 2e ligne de tram a été géré en dépit du bon sens, depuis bientôt 10 ans. Peut-on sérieusement le mettre en exergue aujourd’hui en suggérant que c’est un chantier qui avance particulièrement vite ? Risible…

Jean-Philippe Grand,
Conseiller régional,
Conseiller municipal d’Orléans.

Article initialement publié sur le blog personnel de Jean-Philippe Grand : http://jpgrand.org