Dans le monde du web, il est une loi, au départ une boutade, bien connue des habitués de ce média, nommé la Loi de Godwin. La définition de Wikipedia est assez explicite : La loi de Godwin provient d’un énoncé fait en 1990 par Mike Godwin relatif au réseau Usenet, et popularisée depuis sur la toile : « Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Hitler s’approche de 1. » Dans un débat, atteindre le point Godwin revient à signifier à son interlocuteur qu’il vient de se discréditer en vérifiant la loi de Godwin.
Cette loi a pu être appliquée envers l’UMP lors de sa gestion de la crise dans l’affaire Bettencourt. Comme le rappelle cet article de 01Net, notre Gouvernement et les lieutenants de l’UMP n’ont pas hésité à se dé-crédibiliser en abusant de cette méthode.
Cependant, il est des moments où cette loi ne doit pas nous traumatiser au point de redouter un retour du spectre de la haine.
Après les heurts de Saint Aignan (41), que bien sur nous condamnons ouvertement, notre Président de la République, réagissant une nouvelle fois dans l’émotion, a cru bon de convoquer une (nouvelle) réunion de crise avec des ministres et hauts responsables de la police et de la gendarmerie. De cette réunion, dans l’urgence, comme à l’accoutumé, une série de mesures coup de poing sont décidées : évacuation de quelque 300 camps illégaux, reconduites à la frontières… Une mesurette de développement des aires de repos a bien été glissée dans ces décisions afin de donner une teinte « humaniste » au texte, mais doit-on attendre des décès, des émeutes, des destructions de bâtiments publics et privés pour appliquer une loi datant du 5 juillet 2000 : cette loi Besson impose aux communes de plus de 5 000 habitants de créer un terrain d’accueil pour les groupes nomades. Un espoir peut être ? Voir enfin un emplacement pour l’accueil pour gens du voyage à coté des HLM de Neuilly sur Seine ? Quoique comme le rappelle le maire (PS) de Colombes (Hauts-de-Seine), Philippe Sarre, dans un communiqué, Nicolas Sarkozy , à l’époque Président du Conseil général des Hauts-de-Seine (entre 2004 et 2007), n’a «jamais réuni» la commission départementale consultative des gens du voyage.
En voyage à Grenoble, vendredi 30 juillet, Nicolas Sarkozy a sorti l’artillerie lourde sur la sécurité et l’immigration en promettant un nouveau renforcement de l’arsenal répressif contre les délinquants et en déplorant l’«échec» du modèle d’intégration français depuis cinquante ans. Échec dont il fut l’acteur à plusieurs reprises en tant que Ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac.
Ces déclarations ont soulevé de nombreuses réactions de politiques, d’ONG, d’associations, de personnalités :
« On est dans l’ethnicisation et la stigmatisation, C’est une criminalisation de la misère » – Malik Salemkour, membre du collectif Romeurope et vice-président de la ligue des droits de l’homme.
« On prend le problème à l’envers. Il faudrait déjà que l’État et les collectivités locales fassent appliquer la loi sur les aires d’accueil. Ensuite on pourra parler de campements illicites» – Stéphane Lévêque, directeur de la fédération nationale des associations solidaires d’actions avec les tsiganes et les gens du voyage. Pour lui, ceux qui sont évacués iront simplement dans le village d’à côté. Stéphane Lévêque ne comprend pas non plus l’annonce du chef de l’État indiquant que les services fiscaux seront associés à la vérification de la situation des occupants. « Cela veut-il dire que jusqu’à présent les services ne faisaient pas leur travail ? », s’interroge-t-il.
«l’Elysée veut susciter la peur pour déployer ses mesures de sécurité et sa société de surveillance» – Dominique Sopo, président de SOS Racisme.
«Il n’y a rien de nouveau: cela fait huit ans que ces démantèlements existent, avec parfois des destructions de caravanes, et que les expulsions se font. En réalité, il y a un problème de gouvernance de l’Union européenne [qui] serait bien avisée de rappeler à un certain nombre de pays, comme la Roumanie, qu’il y a des discriminations contre les Roms» – Pierre Henry, directeur de France terre d’asile.
L’Union des étudiants juifs de France, SOS Racisme et la FNASAT (Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les gens du voyage) organiseront une réunion début septembre sur ces décisions qui «donnent du crédit aux préjugés les plus primaires et éculés».
« C’est toujours le même obscurantisme depuis le Moyen Age» – Fanny Ardant, marraine de la campagne Dosta! du Conseil de l’Europe.
A notre tour, Les Verts 45 et Orléans Europe Écologie, ne pouvons supporter cette politique d’exclusion, de stigmatisation des populations, d’une volonté de compartimenter les citoyens suivant des critères donnant ou supprimant les droits.
Nous n’oublions pas qu’à Jargeau, à 19km d’Orléans, à l’emplacement de l’actuel collège Le Clos Ferbois, existait le « camp des nomades« . Ce camp qui parqua dès 1941 des familles tziganes et des forains et dont l’incarcération se poursuivit après le départ des troupes allemandes.
Nous nous rappelons que ces camps sont la résultante du durcissement des idéologies haineuses des années 30.
Est-ce mériter un point Godwin que de s’inquiéter des dérives de la politique sécuritaire de ce Gouvernement qui ne veut reconnaitre ses échecs en appliquant une répression croissante ?