Par Thierry Soler, Conseiller général du Loiret, canton de Chécy
L’Agence de développement économique du Loiret, officine du Conseil général plus connue comme l’agence de délocalisation vers le Loiret, tenait ce jeudi son assemblée générale à Sully-sur-Loire.
Premier coup du sort, cette réunion tombait en même temps que la journée d’action pour les retraites qui a mobilisé non seulement les conseillers généraux de gauche, privés d’un bon repas à Sully, mais surtout une très très très grande part des forces vives du département, à savoir les travailleurs (et les travailleuses comme disait autrefois Arlette Laguillier). J’en profite pour dire que nous étions manifestement plus de deux millions à défiler en France pour rappeler au gouvernement qu’il n’y a rien de dramatique dans le fait de vivre mieux et plus longtemps et que ce n’est certainement pas en mettant les sexagénaires au chômage plutôt qu’en retraite que notre société y gagnera en cohésion.
Dans le même temps, je ne doute pas que l’ADEL a présenté un panorama optimiste de l’économie du Loiret, sans nier la crise mais en sélectionnant quelques bonnes nouvelles qui donnent l’illusion que cette crise n’est qu’un mauvais moment à passer et que le système actuel est le meilleur qui soit, même lorsqu’il menace des centaines de milliers de gens de sombrer dans la misère.
L’optimisme des décideurs du Loiret est d’autant plus débridé qu’il se nourrit le plus souvent de victoires acquises contre les autres départements français dont l’ADEL a pour mission de délocaliser les entreprises vers chez nous.
C’est là que survient le deuxième coup du sort pour le Eric Doligé.
Le jour même où il célèbre la réussite économique du Loiret, on apprend par la presse que son copain Maurice Leroy, Président du Loir-et-Cher, a favorisé la délocalisation de l’usine Treca de Beaugency vers Mer. “C’est la guerre !” répond le directeur de l’ADEL ; “ils ont une éthique surprenante” ajoute le Président du Loiret. Car dans ce déplacement de quelques kilomètres, ce ne sont pas les difficultés de l’entreprise ou de ses salariés qui semblent préoccuper au premier chef nos grands dirigeants. C’est plutôt le fait que les emplois préservés – c’est ça l’essentiel – ne compteront plus positivement dans la balance du 45 mais dans celle du 41. Et tout ça parce que le Loir-et-Cher a consenti à investir, pour favoriser le déménagement de Treca, plusieurs millions d’euros réfusés par l’ADEL.
Pour une fois je serai donc d’accord avec le Président Doligé pour dénoncer surenchère, un “truc sans filet”. C’est justement pour cela que je m’insurgeais l’an passé contre les cadeaux considérables accordés à ICT pour son installation à Villemandeur. Je continue de croire que l’argent public n’a pas vocation à entretenir une compétition stérile entre territoires mais plutôt à réorienter l’économie vers les secteurs les plus pertinents, par exemple ceux qui contribuent au développement durable de notre société.
Désolé d’y revenir mais ce n’est pas en finançant des autoroutes et des ponts que l’on préparer l’avenir.
Article paru initialement sur le blog de Thierry Soler