La Commission permanente du Conseil général a pris ce vendredi 16 novembre une décision qui marque un tournant dans le dossier de la déviation de la RD921 avec franchissement de Loire entre Mardié et Darvoy. La passation d’un contrat de partenariat (ou PPP) pour réaliser cette opération a en effet été « déclarée sans suite ».
Sur le fond, il convient de rappeler que ce projet routier imaginé au siècle dernier présente des inconvénients économiques et écologiques qui dépassent de loin les maigres avantages espérés, essentiellement la réduction d’un tiers du trafic routier dans certaines rues de Jargeau et Saint-Denis de l’Hôtel. Cela se ferait d’ailleurs avec l’apparition de nouvelles nuisances à Donnery, Mardié, Darvoy et Sandillon. A l’heure où les bouleversements climatiques sont de plus en plus sensibles, une telle fuite en avant en faveur des moyens de transports les plus polluants serait tout à fait contre-productive. Au-delà de l’arithmétique routière, un pont à cet endroit aurait surtout un impact particulièrement néfaste sur l’environnement ligérien.
Sur la forme, le projet n’est toujours pas officiellement entrepris et seul ce vide juridique permet de s’exonérer de probables sanctions pour violation des directives européennes. Avant même de solliciter une improbable déclaration d’utilité publique, le Conseil général avait pourtant décidé de recourir à un contrat de partenariat public-privé et de confier l’ensemble de son opération à une multinationale du BTP.
Aujourd’hui, cette option a du plomb dans l’aile. Les services du Conseil général ont constaté que les offres remises par les entreprises candidates font peser tous les risques sur la collectivité publique, ce qui conduirait à « des conséquences financières insoutenables pour le Conseil général ». En outre, ces offres « aboutissent dans tous les cas à une valeur actualisée nette très supérieure au calcul figurant dans le rapport d’évaluation préalable. » On se souvient que c’est sur la base de ce rapport, chiffrant l’opération à 43 millions d’euros en partenariat public-privé contre 44 millions en maîtrise d’oeuvre publique, que la première option avait été retenue. Ce que l’on appelle pudiquement une « valeur très supérieure » est un euphémisme pour dire que les entreprises candidates proposent probablement plus du double, soit un coût sans commune mesure avec ce que prévoyait le rapport qui a conclu en faveur du partenariat public-privé.
Il faut donc saluer la prudence du Président Doligé qui a pris ses responsabilités et renoncé à signer un contrat s’annonçant calamiteux pour les Loirétains. Cela confirme que les contrats de partenariats doivent être utilisés avec beaucoup de circonspection et ne doivent pas devenir la règle en matière d’investissement. Il apparaît clairement que, lorsque la collectivité n’a pas les moyens d’entreprendre par elle-même une opération, le recours à un partenariat privé n’apporte aucune solution miraculeuse pour le financement.