Philippe Deloire réfléchit sur l'homophobie en revenant sur les propos du Maire PCF de Saran (45)

Philippe DeloirePar Philippe Deloire, militant Vert et Europe Écologie sur la région d’Orléans.

LES PROPOS DE MICHEL GUERIN, MAIRE DE SARAN, CONSEILLER GÉNÉRAL DU LOIRET (PC), SUR LES HOMOSEXUELS MONTRENT LES RÉSISTANCES POUR PROMOUVOIR UNE SOCIÉTÉ QUI LUTTE CONTRE TOUTE FORME DE DISCRIMINATIONS.

La manifestation du vendredi 21 mai à 19 heures 15, à Saran, devant le Conseil municipal homonyme avait pour objet de protester contre les propos jugés homophobes de Michel Guérin, Maire de Saran, Conseiller Général du Loiret (Parti Communiste). On en trouvera une photo dans cet article de Christophe Desportes-Guilloux, responsable du groupe d’Orléans, « Homosexualité et Socialisme » (http://www.hes-france.org)

Rappel des faits

Alors que la commune de Saint-Jean de Braye pratique la célébration des PACS – PActe Civil de Solidarité- en Mairie, depuis le 30 avril 2010, le Maire de Saran, Michel Guérin s’y refuse. On peut comprendre ce refus sur un sujet de société qui divise nos concitoyens, mais on comprend moins bien que dans la Tribune d’Orléans, datée du 11 mai 2010, il ait déclaré à propos des homosexuels « ça ne me gêne pas qu’ils vivent ensemble mais c’est une fuite en avant par rapport à la race humaine ! S’il n’y avait eu que des homosexuels, je ne serais pas sur terre. Je ne changerai jamais sur ce point ! »
http://www.tribune-orleans.fr/Societe/Saint-Jean-de-Braye-fete-les-couples-pacses.html

Dans un interview du 18 mai 2010, à la République du Centre, il maintient ses déclarations en faisant savoir, notamment, qu’il se prononce contre la législation applicable aux homosexuels et qu’il a constaté que les enfants des couples homosexuels « échappaient à la rigueur éducative d’un couple ».
http://www.larep.com/temps_forts-17453.html

Trois remarques

Une évolution des mentalités

Les propos de Michel Guérin paraissent étrangement datés. Or, mai 1968 est passé par là. Après les évènements de mai 1968, un vent de libération a soufflé qui a détruit ce que Jean Ferrat appelait dans une chanson « les vielles malédictions » conduisant à l’émancipation des femmes, à la prise en compte de nouveaux enjeux (exemple : l’environnement) et plus généralement, faisant émerger un climat de tolérance où loin de systématiser telle ou telle catégorie de personnes, chacun doit trouver sa place dans la société française, dans le cadre des lois qui l’organisent.

La législation française a permis de mettre en place le PACS (PActe Civil de Solidarité)

Que Michel Guérin le veuille ou non, la loi sur le PACS débattue par le Parlement, après des débats, parfois houleux, a été promulguée le 16 novembre 1999. Loin d’être un contrat au profit des homosexuel(les), il est très majoritairement utilisés par des couples hétérosexuels qui y voient, dans certains cas, une étape avant un futur mariage. Les chiffres montrent une augmentation régulière du nombre de PACS signés devant les Tribunaux de Grande Instance et qu’un nombre croissant de municipalités propose une cérémonie pour les Pacsés, de façon à officialiser cette union. De fait , le législateur au fil des ans à modifié l’économie du PACS de façon à conférer des droits supplémentaires aux Pacsès, de sorte que le PACS se rapproche de la situation juridique des personnes mariées.

Un combat plus général pour la lutte contre les discriminations qui n’est pas achevé

Au fronton de nos édifices publics et des mairies figure la devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité« . C’est bien le principe d’égalité républicaine qui est en cause dans le traitement réservé aux homosexuels, au point que la HALDE s’est saisie de cette problématique, et lors de la journée mondiale contre l’homophobie, a publié un communiqué de presse qui met l’accent sur « l’importance des discriminations homophobes au travail ».
http://www.halde.fr/IMG/pdf/Communique_de_presse_Journee_mondiale_contre_l_homophobie.pdf

Mais ce n’est pas un combat gagné d’avance.
Il reste que certains élus, par exemple, le député du Nord (UMP), Christian Vanneste, lors d’un interview, à l’occasion des 10 ans du PACS, a estimé que cet évènement était « à marquer d’une pierre noire, noire foncée » (http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2009/01/la-loi-sur-le-pacs-est-absolument-d%C3%A9sastreuse.html).

Ce député s’était illustré lors d’une émission de « C dans l’air », sur France 5, du 12 novembre 2009, par un point de vue tranché sur cette question qui trouve son fondement à l’attachement au couple composé d’une femme et d’un homme et aux valeurs catholiques traditionnelles.

Un débat qui montre la complexité de la question de l’homosexualité

Comme le montre le débat organisé dans le cadre de l’émission « Ce soir où jamais », à l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie, le 17 mai 2010, la question de l’homosexualité dans la société française est faite de paradoxes. Parmi ceux-ci, citons le fait qu’à la fois l’évolution des mentalités conduit à une plus grande tolérance comme le montre les sondages et de l’autre, qu’une minorité se crispe sur des convictions traditionnelles pour critiquer cette évolution qui remettrait en cause les fondements de la famille et de la société.

En définitive, comme dans bien d’autres domaines, insistons sur la nécessité, si ce n’est de la formation, du moins d’une plus grande compréhension quant aux éléments de fait et de droit, à propos de l’homosexualité, avant de porter publiquement des jugements lourds de sens.

Article paru initialement le 21 mai 2010 sur le blog de Philippe Deloire