Oui, nous voulons moins de camions sur nos routes

EELV Orléanais se réjouit que la branche départementale de la FNSEA ait renoncé à l’action envisagée ce lundi à Donnery contre le portique de contrôle de l’écotaxe. Cela n’exonère pas pour autant le syndicat agricole majoritaire de sa responsabilité, depuis plusieurs semaines, dans une contestation sectaire et irresponsable.

Sectaire pourquoi ?
Les instigateurs des manifestations de « bonnets rouges » n’hésitent pas à manipuler l’opinion au profit d’un petit groupe de patrons de l’industrie agroalimentaire et de grosses exploitations agricoles. Ils font de l’écotaxe un prétexte pour amplifier des appels populistes contre la fiscalité et amalgamer des récupérations politiques et catégorielles.
Or, faire payer les camions sur les grands axes routiers, ce n’est justement pas taxer tout et n’importe quoi, comme on l’entend parfois.
L’écotaxe est une fiscalité sélective destinée à faire décroître le trafic de poids lourds de façon à sortir d’une logique de tout-camion. Tout le monde s’en plaint, les camions envahissent l’espace routier et polluent villes et villages. Le coût de l’entretien des routes nationales et départementales pèse lourdement sur les dépenses publiques alors que la plus grande partie de ces dépenses est directement imputable aux camions, dont chacun a autant d’impact qu’un million de voitures.
Il est parfaitement cohérent de les faire payer plutôt que d’augmenter encore une fois les impôts locaux qui frappent les ménages de la façon la plus injuste.

Irresponsable, pourquoi ?
Les manifestations violentes et destructrices menées en Bretagne ces dernières semaines puis ailleurs en France, ont largement dépassé les limites du dialogue social. Les lourds dégâts matériels que s’autorise la FNSEA à chaque manifestation, ce sont toujours les contribuables qui en reçoivent la note en fin de compte. Avec en outre la destruction de radars, c’est une prime aux chauffards qui est revendiquée, comme si l’on pouvait élever au rang des libertés individuelles la possibilité de foncer sans retenue sur les routes et d’y multiplier les accidents mortels.

Nous ne voulons pas de cela dans le Loiret et surtout, nous n’acceptons pas les leçons d’une organisation syndicale qui a présidé à la destinée mortifère de l’agriculture française depuis 50 ans.
En effet, en défendant systématiquement une agriculture productiviste et ultralibérale, la FNSEA n’est pas sans responsabilité dans les multiples scandales alimentaires que nous connaissons. Il convient également de l’interpeler sur la santé des agriculteurs eux-mêmes, victimes des produits chimiques qu’il leur a fallu épandre en masse dans leurs champs. Enfin, le modèle agronomique et industriel que la FNSEA a contribué à instaurer en France et tout particulièrement en Bretagne, c’est avant tout le plus grand plan social qu’a connu notre pays : en 50 ans, le nombre des emplois agricoles est passé de plus de 6 millions de personnes à seulement environ 1 million aujourd’hui. Il y avait en France plus de 2 millions d’exploitations en 1955, on en compte moins de 500 000 aujourd’hui…

À l’inverse de ce mouvement, la taxe sur les poids lourds contribuera à créer de l’emploi et de l’activité économique en favorisant les circuits courts et en finançant la modernisation et la création de nouvelles infrastructures de transport, plus respectueuses de notre environnement et de notre santé. Elle permet de concrétiser enfin, comme cela a été fait avec succès dans plusieurs pays européens, le principe du pollueur-payeur, tout en créant un cercle vertueux engageant la relocalisation de l’économie.

EELV souhaite que le dialogue reprenne de manière constructive de façon à appliquer en 2014 un dispositif qui permettra de nouveaux investissements sans pénaliser la majorité des Français.