Communiqué de presse
Lundi 26 mars 2012
Les affirmations de Nicolas Sarkozy à propos du nucléaire en France font furieusement penser aux vieilles propagandes soviétiques qui vantaient les plans quinquennaux comme gage de la prospérité d’un pays alors même qu’il était en déroute sur le plan économique. Il en est ainsi des mensonges martelés à propos de l’indépendance énergétique de la France, des emplois induits par le choix du nucléaire et de l’impossibilité d’un accident majeur sur notre sol.
Tout le monde sait qu’il n’y a plus d’uranium exploité en France et que nous l’importons de pays où nos entreprises s’accommodent de terribles atteintes à l’environnement et à la santé des populations. L’uranium est une ressource fossile relativement rare et seule la persistance d’un colonialisme meurtrier permet l’approvisionnement de l’industrie nucléaire à bas prix. D’ailleurs, si la vente de réacteurs « français » en Inde et en Chine avait de l’avenir, il est clair que nous nous trouverions rapidement face à des concurrents de poids sur le marché de l’uranium. Enfin, le recours à l’énergie nucléaire a conduit la France à une surconsommation électrique qui la force à faire appel à de coûteuses importations en cas de grand froid. La véritable indépendance, ce serait de consommer moins d’énergie (scénario négaWatt), ce qui n’empêche pas de vivre aussi bien pour peu que l’on investisse en ce sens. Le « gisement » des économies d’énergie est indéniablement un gisement local qui ne dépend que de nous et dont notre territoire bénéficiera en premier lieu, à commencer par la création de centaines de milliers d’emplois.
Cela n’empêche pas les fausses annonces qui assurent que le nucléaire crée des emplois. On nous vante la performance industrielle de la filière nucléaire française alors que le taux de salariés par kWh produit est parmi les plus bas. En outre, dans nos centrales, la sous-traitance se multiplie, avec tous les risques que cela implique. Quant à la production et la vente de réacteurs « français » comme l’EPR, il est évident qu’il s’agit d’un fiasco industriel qui dépassera de loin celui du supersonique Concorde. Bien entendu, ce sera encore une fois aux frais des contribuables.
Enfin, une fois passée l’émotion de l’accident de Fukushima, le leitmotiv de la sûreté des installations françaises est revenu en force. Certes, notre pays a jusqu’à présent échappé au pire et la qualité de nos procédures y est peut-être pour quelque chose. Néanmoins, la certitude d’être à l’abri était bien ancrée dans les esprits à Tchernobyl comme à Fukushima. Cela n’a nullement empêché que des millions de gens soient désormais, et pour longtemps, des victimes potentielles de la contamination radioactive. Au Japon, ces victimes seront moins visibles que celles du tsunami mais tout porte à croire qu’elle seront au bout du compte plus nombreuses. Le risque d’un accident en France est très faible mais il n’est pas nul et s’il survenait une catastrophe majeure, ce serait peut-être un quart de notre territoire qu’il faudrait rayer de la carte. Peut-on vivre avec une telle épée de Damoclès au-dessus de nos têtes ?
Indépendance, emploi, sécurité : la France est le seul pays au monde qui affiche de telles illusions. Tous les autres gouvernements ne donnent qu’une place négligeable au nucléaire dans leur politique énergétique quand ils ne l’ont pas déjà totalement exclu, de gré (Italie, Allemagne) ou de force (Japon). Serait-ce que la France est le seul pays doté de dirigeants visionnaires et désintéressés ? Comment font-ils, partout ailleurs, pour se passer d’une source d’énergie prétendument irremplaçable ? La réponse nous est partiellement donnée par l’Allemagne où la sortie du nucléaire a été compensée par les énergies renouvelables et la diminution des besoins. Certes, cela implique encore de recourir à des sources d’énergies carbonées qui contribuent plus fortement au changement climatique. Mais le nucléaire en France assure moins d’un cinquième des besoins énergétiques et cela n’empêche pas notre pays d’importer et de consommer massivement du pétrole et du gaz dans des domaines où les marges d’amélioration sont considérables. C’est d’ailleurs ainsi que la France parviendra à tenir ses engagements de Kyoto. Soyons clairs : la contribution du nucléaire français à la lutte contre le réchauffement climatique est totalement négligeable à l’échelle de la planète.
Estelle Touzin
Porte-parole de Europe Écologie Les Verts Orléanais
Intimement convaincu par les propos d’Estelle, un important travail de pédagogie reste à effectuer en ce sens, auprès d’une plus large population. En effet, si l’on veut trouver dans l’opinion appui à la transition énergétique, et ainsi la « rendre possible », il conviendrait d’élargir le spectre de diffusion… Or, il me semble que les initiatives ciblent celles et ceux qui sont déjà sensibles à ce sujet. Suis volontaire pour agir !