Communiqué de presse
Plus une entreprise est grande et internationale et plus le temps nécessaire entre la prise de décision de son PDG et l’exécution au bas de la pyramide est long. C’est ainsi que la société Lexmark qui était en difficulté il y a deux ans, ses principaux dirigeants allant jusqu’à mettre la main à la poche pour sauver l’entreprise, a décidé de transférer son centre de support européen en Hongrie. Situé dans l’agglomération orléanaise depuis que Lexmark a repris l’activité imprimantes d’IBM en 1991, le centre de support européen est au plus près de ses clients très majoritairement basés en Europe de l’Ouest. Les dirigeants américains, attirés par le nouvel eldorado des pays de l’est dans lesquels les charges sont très faibles mais les salaires de moins en moins éloignés des nôtres (environ 1000 euros nets), ont enclenché le compte à rebours fatal au site orléanais. Les beaux engagements pris sur leur site Lexmark.fr risquent d’en souffrir mais bon, on sait ce que ce type d’engagement vaut dans notre société capitaliste:
« Nous sommes responsables vis-à-vis de l’environnement dans lequel nous vivons et travaillons, mais également vis-à-vis de l’environnement global et de la communauté mondiale.
Lexmark, en tant qu’acteur socio-économique de premier plan, assume sa responsabilité vis-à-vis de la communauté mondiale. Nous respectons scrupuleusement les lois, règles et réglementations en vigueur dans les pays dans lesquels nous sommes présents.
Cela signifie également que Lexmark compte aller plus loin en évaluant continuellement ses pratiques métiers sur la base du principe du développement durable – équilibrer les besoins économiques, environnementaux et sociaux du monde actuel sans compromettre les chances des futures générations.
Nous souhaitons que la société Lexmark reste toujours associée au respect des droits de l’homme, de la sécurité au travail et de pratiques respectueuses de l’environnement, pour notre propre entreprise et pour celles de nos partenaires. »
Ce genre de texte laisse entendre que le développement durable est un beau discours vide de sens. Les Verts pensent qu’une conversion de l’économie est possible et que le greenwashing nuit gravement aux valeurs que porte le VRAI développement durable.
La question est donc: était-il judicieux de délocaliser le centre de support à Budapest ? D’un point de vue purement comptable peut-être. Et encore faut-il savoir si nos amis hongrois (loin de nous l’idée de leur reprocher quoi que ce soit car ils ont droit eux aussi de travailler) auront la même expertise que les français. Vous nous direz que tout s’apprend mais nous touchons là à la compétence certes, mais aussi au service. Car la plus-value de Lexmark est sa capacité à trouver rapidement et de manière efficace les solutions pour gérer l’impression de documents. Nous ne parlons pas simplement de la barrière de la langue, après tout les hongrois recrutés sont bi voire trilingues (ce qui réduit encore l’écart de coût entre un français et un hongrois) mais également de différences culturelles qui mènent parfois à des couacs heureusement rattrapés, pour l’instant, par leurs collègues français.
Notre sentiment est que l’expertise accumulée pendant 18 ans sur le site de Boigny a une valeur énorme pour l’entreprise. Elle ne se voit pas dans les comptes annuels de cette société qui réalise 5 milliards de dollars de chiffre d’affaires, mais cette expertise de ses collaborateurs va s’éparpiller dans l’hexagone et au-delà pour la plus grande perte de Lexmark. Les sociétés qui recruteront ces hommes et ces femmes profiteront de leur compétence.
Les Lexmark français croyaient que LEUR entreprise était différente, ils s’aperçoivent qu’ils ne sont qu’une ligne soit-disant trop coûteuse dans un bilan comptable.
Jean-Philippe Grand,
Porte-parole des Verts orléanais
Membre du Conseil communautaire de l’Agglomération Orléans Val de Loire