Jour de la Nuit, balade (plus ou moins) nocturne à Orléans


À l’occasion du Jour de la Nuit 2010, nous avons improvisé une petite balade vers 1 heure du matin sur le grand axe nord-sud de l’agglomération, afin de constater de visu les pollutions lumineuses auxquelles cette deuxième édition de la manifestation entend nous sensibiliser.
L’affaire n’est pas une nouvelle lubie d’écologistes, puisque beaucoup de spécialistes s’inquiètent d’une augmentation considérable (30%) des points lumineux en France depuis 10 ans, provoquant un accroissement non négligeable de la consommation d’énergie, l’impossibilité de l’observation du ciel étoilé en zones urbaines et des troubles de plus en plus sérieux sur les écosystèmes.
L’évaluation de l’impact du suréclairage nocturne est tout à fait significatif. L’Adème estime que l’éclairage public représente en moyenne près de 50% du budget en électricité des communes, et 20% du budget total énergies. Cela représente par ailleurs une atteinte à la biodiversité par la perturbation de certaines migrations (désorientation des espèces), et les risques d’extinction de certaines espèces de papillons nocturnes, piègés par ce suréclairage devenu la deuxième cause de mortalité pour les insectes nocturnes et pollinisateurs, juste derrière les produits phytosanitaires…

En roulant vers 1 heure du matin sur ce grand axe de circulation, la luminosité globale paraît en effet extrêmement significative. À certains carrefours, l’éclairage est particulièrement intense.
À l’origine de l’inflation lumineuse ? La forte demande de sécurité de la part du public et des élus. L’efficacité de l’éclairage à ce sujet est pourtant à relativiser à rebours des idées préconçues (voir, sur son site, l’argumentaire de l’ANPCEN Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes – l’association rappelle notamment que la majorité (80 %) des cambriolages ou vols avec agression ont lieu en plein jour, et qu’il n’y a pas plus d’accidents de voiture sur les routes non éclairées, s’appuyant sur des études réalisées notamment en Angleterre). Autre source importante : les enseignes et publicités lumineuses.
En partant en balade en pleine nuit, nous pensions être en effet éblouis par les zones commerciales du Nord comme du Sud de l’AgglO. Bien sûr, quelques enseignes ne peuvent s’empêcher de surenchérir pour attirer le regard d’éventuels clients noctambules. On a du mal à imaginer comment quelques concessionnaires en retrait de la route peuvent penser attirer des badauds en pleine nuit pour admirer leurs vitrines… L’impact commercial est sans aucun doute en réalité totalement nul, et ces enseignes seraient bien avisées de faire quelques économies tout en préservant l’environnement. Mais elles ne sont au final pas si nombreuses, et il faut bien mentionner sur les grandes zones d’activités une certaine sobriété à laquelle nous ne nous attendions pas (mention spéciale à la zone de Saran, pour laquelle pratiquement aucune enseigne n’était allumée à cette heure-là).
Certains bâtiments publics, par contre, ne s’avèrent pas d’une grande exemplarité… À l’inverse du Hall de la gare, très raisonnable (mais il faut faire exception des quais), le Conseil régional et la Mairie souhaitent apparaître de manière très visible, même en pleine nuit. La place d’Arc est également très éclairée, mais le pompon revient sans doute à la médiathèque, qui rayonne et brille de mille feux…
Pour le moment, le plan biodiversité de la ville d’Orléans s’est simplement donné pour mission « d’étudier l’incidence de l’éclairage nocturne sur la biodiversité »… Espérons que les études qui existent déjà seront rapidement consultées et que l’on passera très rapidement à une phase pragmatique de limitation drastique de l’intensité lumineuse émise pendant la nuit…

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