À l’occasion de l’ouverture à Ardon de l’enseigne du célèbre fabricant de meubles en kit, EELV Ouest Loiret se réjouit bien sûr de l’offre commerciale nouvelle qui est désormais accessible aux habitants de l’agglomération de même que des emplois ainsi pourvus dans un contexte du marché du travail toujours très difficile.
Cependant, l’engouement probable des consommateurs ne doit pas occulter les aspects moins reluisants de cette implantation d’une entreprise multinationale aux pratiques peu philanthropiques.
Tout d’abord, IKEA bénéficie d’un traitement exceptionnel de la part des collectivités territoriales. Celles-ci lui ont réservé une place de choix sur un terrain pris parmi les espaces naturels proches d’Orléans plutôt que dans une friche déjà urbanisée. Et surtout, ce sont près de cinq millions d’euros qui ont été investis avec l’argent public afin de créer l’infrastructure routière rendue indispensable par l’implantation de ce nouveau magasin. Alors que d’autres commerces doivent financer eux-mêmes les aménagements routiers qu’ils suscitent dans le Loiret, ce cadeau de la communauté d’agglomération d’Orléans et du Conseil départemental constitue un dopage efficace pour que la multinationale suédoise batte des records de bénéfices.
D’autant que, comme nous l’avions déjà souligné au début de l’année, IKEA fait partie des entreprises qui pratiquent l’évasion fiscale à grande échelle. Un rapport du groupe écologiste au Parlement européen a montré comment le groupe suédois a pu escamoter un milliard d’euros d’impôt au cours des six dernières années en utilisant des paradis fiscaux européens. Il convient donc de renforcer les lois qui encadrent ce genre de tricherie organisée de sorte que les multinationales paient leurs impôts comme tout un chacun et ne bénéficient pas d’un arbitrage complaisant de la part de la Commission européenne dirigée par Jean-Claude Juncker.
Enfin, en ce qui concerne l’impact en matière d’emploi, il faut noter que deux enseignes concurrentes ont déjà fermé leur magasin dans l’agglomération d’Orléans et il paraît douteux que, avec un pouvoir d’achat globalement constant, il soit possible d’éviter un phénomène de vases communicants dans lequel les emplois créés d’un côté ne font que compenser ceux supprimés ailleurs. Pour les écologistes, seule une évolution radicale du modèle économique peut améliorer la situation de l’emploi, en s’appuyant sur le partage du travail et la transition écologique.