Au risque de nous faire coller un procès pour injures publiques par le Président du Loiret, il faut bien rétablir la vérité : nous ne sommes pas tous les jours et à toute heure en train d’utiliser une autoroute.
Dans un article récent de La Tribune d’Orléans, Jean-Luc Burgunder, Vice-Président Vert du Conseil régional était le seul à s’opposer à la mise en chantier d’un nouveau projet autoroutier aux portes du Loiret. Après des arguments variés mais à sens unique des différentes autorités consultées, Jean-Luc Burgunder affirmait : « Doligé aime beaucoup le béton mais il faut qu’on arrête avec les autoroutes ! Le Grenelle de l’environnement et l’évolution des transports routiers vont à l’opposé et économiquement on marche sur la tête. Mieux vaut des voies rapides sécurisées et à configuration autoroutières et rétablir le rail.« Evidemment piqué à vif, Eric Doligé aurait rétorqué que, avec les Verts, « le problème, c’est que l’autoroute, ils la prennent tout le temps« . Si c’est pas bien trouvé ça comme formule. Tant qu’à mentir effrontément, voici encore d’autres formules simplistes mais plus justes que le Président du Conseil général aurait pu utiliser à notre encontre : « les écolos, ils vous disent de ne pas chasser dans les bois mais ils y font la fête tout l’été, ils vous disent de manger bio mais ils acceptent les petits-fours dans les inaugurations, ils vous disent de vous éclairer à la bougie mais ils mettent un coup de projecteur sur chaque fuite radioactive ». Autrement dit, les écolos ne sont pas tous des intégristes, merci de nous le rappeler.
Mais « le problème » avec le populisme de Doligé, c’est que, de la façon dont il est exprimé, il est volontairement exagéré et donne de nous une image déformée. En effet, fort heureusement, nous ne sommes pas « tout le temps » sur l’autoroute. La preuve : pas plus tard que le week-end dernier, le porte parole départemental des Verts a été aperçu dans un train pour Paris. Dans la semaine passée, c’est une élue orléanaise, membre des Verts, qui aurait pris son vélo pour se rendre en ville tandis qu’un autre élu Vert du Loiret est parti à pied pour acheter son pain.
Quant au problème de fond, la réponse est encore plus limpide. Doit-on s’interdire de rouler sur une autoroute sous prétexte que nos arguments en faveur de déplacements alternatifs n’ont pas été entendus ? Bien sûr que non, car alors il faudrait s’interdire de respirer chaque fois qu’un incinérateur que nous avons combattu pollue l’air environnant, ou bien s’interdire de boire lorsque la distribution de l’eau a été privatisée, ou encore s’interdire de communiquer sur ce blog lorsque le gouvernement aura fini par faire passer la loi Hadopi qui organise le flicage de l’Internet. Nous ne sommes pas responsables des erreurs de la majorité UMP et nous ne nous arrêterons pas de vivre parce que nous n’avons pas su convaincre de gérer la collectivité autrement.
Enfin, nous ne nous interdirons pas l’usage de l’autoroute – usage aussi modéré que possible bien entendu 😉 – tout simplement parce que nous ne sommes jamais favorables aux solutions totalitaires et que, avec Daniel Cohn-Bendit, nous accordons encore un peu de valeur au fameux slogan : « il est interdit d’interdire ».