Communiqué de presse
A154 : le prolongement des dérives de l’A19
Par décision publiée au Journal Officiel du 1er juillet, Le ministre de l’écologie a autorisé la mise en concession autoroutière de la RN154 entre Orléans et Dreux.
Par ce choix totalement incohérent avec les objectifs de son ministère, Jean-Louis Borloo dépose une nouvelle couronne de fleurs en plastique sur la tombe du Grenelle de l’environnement. De renoncements en trahisons, les décisions du ministère de l’environnement démontrent avec toujours plus de cynisme que ce Grenelle se réduira au final à une vaste campagne institutionnelle d’éco-blanchiment, une supercherie médiatique à grande échelle.
La concertation est bafouée et le modèle de développement basé sur un système de transport énergivore et polluant est sans cesse conforté contre toute logique économique et environnementale. Alors même que le premier bilan de l’A19 démontre clairement ce non-sens des extensions de réseau autoroutier de rentabilité totalement hypothétique, le gouvernement reporte sur le contribuable et les usagers les investissements qui devraient être déployés vers les transports alternatifs et la modernisation du réseau ferroviaire.
Comme pour l’A19, des artifices seront déployés pour masquer les atteintes irrémédiables à l’environnement, avec un impact d’autant plus dramatique que des trames vertes et bleues et des zones Natura 2000 seront touchées (traversées des vallées de la Blaise et de l’Avre, zone Natura 2000 de la vallée de l’Eure, zone de protection spéciale Beauce/Conie…).
Comme pour l’A19, rien ne garanti réellement le report substantiel du trafic camion vers l’autoroute et la sécurité routière renforcée, surtout si le péage est là aussi très élevé. Le risque serait même alors d’un effet dramatiquement contraire : le retour des camions vers un parcours de substitution gratuit d’un kilométrage équivalent.
Riverains, contribuables et usagers vont payer au prix fort l’activité économique et le développement du chiffre d’affaire d’un concessionnaire privé, alors que l’on sait par avance que l’impact en terme d’emplois et de dynamisme sur le territoire ne sera pas à la hauteur des attentes et des annonces.
Par l’inflation du coût des carburants et des péages routiers, un clivage s’instaure de plus en plus entre les ménages modestes, qui financent par leurs impôts des routes funestes pour l’environnement et le climat auxquelles ils auront de moins en moins accès, et les ménages aisés insouciants des impacts écologiques, qui peuvent se permettre de financer essence et taxes. L’A154, modèle des déplacements qui deviennent un luxe accessible aux riches indifférents des conséquences environnementales que nous paieront tous demain, pendant que d’autres sombrent dans la misère.
Là comme ailleurs le gouvernement use d’expédients pour, en période de crise, tenter de parer aux risques financiers des grands groupes de travaux publics. Cela aura encore une fois pour effet de retarder l’investissement dans des politiques réellement novatrices, efficaces et socialement plus justes.