Compensation… Vous avez dit « COMPENSATION » ?

Nous voyons déployer depuis quelques semaines, un grand plan communication de la part du Conseil Départemental du Loiret, avec des panneaux en bord de tangentielle et des articles presse, pour expliquer qu’une véritable forêt durable est en train d’être replantée, dans le cadre de la déviation de Jargeau et futur pont sur la Loire : signe, sans aucun doute, que la déforestation et le « bitumage » des zones naturelles passent de moins en moins bien, auprès des citoyens !

Ainsi, dans l’article du Journal de Gien du 19 décembre 2019, nous découvrons Monsieur le Président du Conseil départemental, Marc Gaudet, participant à la plantation de 3,3 hectares de « forêt durable » près de la tangentielle et proche de l’aéroport, pour compenser les 10 hectares d’abattage du Bois des Comtesses, un bois classé « espèces protégées ».

Le grand mot est donc prononcé : COMPENSATION !

Car comme la loi de 2016 sur la biodiversité, les y oblige, les destructions d’espaces naturels doivent être compensées.

Et si cette compensation n’est pas satisfaisante, le projet ne peut être réalisé en l’état !

Or on sait désormais que ces compensations sont de l’enfumage et contribuent peu à peu à la disparition des espèces.

Une étude réalisée par les scientifiques du Muséum National d’Histoire Naturelle et « Agro Paris Tech », tout juste parue dans le numéro de septembre de la revue BIOLOGICAL CONSERVATION fait le point sur 24 projets d’infrastructures étudiés en France, et dans 80% des cas, les mesures de compensation n’évitent pas la perte en biodiversité. .

En effet :

  • Pour ces 24 dossiers étudiés : sur 2451 hectares sacrifiés seuls 577 hectares ont été compensés,
  • Les espaces compensés sont fragmentés en multitude de petits sites alors que l’espace naturel initial était d’un seul tenant. Ces petits sites sont souvent placés dans des zones « délaissées », bruyantes et infranchissables pour la faune : bords de 4 voies, voisinage d’aéroport (cf : celui de Saint Denis de l’Hôtel)
  • Comment compenser réellement alors que l’on prend des hectares sur un espace non bitumé (prairies, prés) alors que l’on fait disparaître sous l’asphalte 15 hectares de bois classés ? Le compte n’y est pas du tout. On transforme une forêt en bitume et une prairie en forêt… Le bitume sort donc gagnant et l’équivalent d’un département disparaît sous le goudron tous les 10 ans .
  • Enfin, comment peut-on concevoir de remplacer la beauté d’un paysage de bord de Loire, de forêts primaires qui ont mis des siècles à se constituer, par des rangées d’arbrisseaux, neufs, près d’un hangar et en bord de tangentielle.

Car la forêt de Latingy a bien été saignée de 5 hectares et les îles de la Loire vont être recouvertes de pylônes.

Le méandre de Bou, cet espace de quiétude, de silence et de promenade orléanaise en bord de Loire, exceptionnelle, que tout le monde nous envie, va être sacrifié sur l’autel du dieu tout-voiture.

Mais désormais les citoyen.ne.s ne sont plus dupes : le Greenwashing est en marche et reste inacceptable… Mais la jeune génération prend en main son destin.