Canfin/Staime: 30 questions pour comprendre la conférence de Paris

© Les petits matins, 2015

L’ancCouverture_canfinien eurodéputé et ministre écologiste Canfin résume les enjeux de la COP21 en les rendant accessibles à tou-tes

Divisé en quatre parties principales et 30 questions, le livre de Canfin et Staime nous donne un bon aperçu des problématiques relatives au climat et de la façon dont elles seront traitées à la conférence de Paris.

La première partie, enjeux, nous rappelle les mots clés du réchauffement climatique. Le dernier rapport du GIEC constate : le changement climatique est en cours et la cause principale est l’activité humaine. Si la terre se réchauffe de plus de 2°C en moyenne, les conséquences seront irréversibles. Or, nous envisageons actuellement jusqu’à +4,8°C. Les gaz à effet de serre sont surtout émis par les pays riches mais ce n’est pas une fatalité, comme nous le montre la Suisse. Parmi les conséquences que le dérèglement climatique aura, les événements climatiques extrêmes et les conflits qui en résulteront semblent être les plus frappants et ils touchent surtout les pays pauvres.

Dans la deuxième partie, diplomatie, Canfin et Staime exposent les points de départ de différents acteurs de la COP21. La France vient de faire un pas important avec la loi de transition énergétique ; le manque de cohérence globale des politiques environnementale reste pourtant un obstacle à franchir Le bilan de l’Allemagne est également mitigé : ses objectifs sont globalement plus ambitieux que ceux de la France, tandis que les règlements sur les émissions des voitures de l’UE sont freinés. Les USA ont fait des progrès, cependant le blocus du Congrès, à majorité républicaine, met en péril les avancés futures. Les engagements de réduction d’émissions de CO2 de la Chine semblent prometteurs, pourtant leur mécanisme de vérification est insuffisant par manque de transparence. Les pays les plus pauvres polluent très peu, mais sont les plus vulnérables face au changement climatique. C’est pour cela qu’ils nécessitent d’un soutien financier important de la part des pays riches et principaux pollueurs. En tant que possibles opposants d’un accord de Paris, les pays exportateurs de pétrole pourraient ralentir les négociations.

La partie trois, accord, montre les conditions nécessaires pour trouver un accord à Paris et en quoi celui-ci pourrait consister. Après l’échec de Copenhague en 2009, les conditions de la COP21 sont plus favorables pour un accord, en partie car les engagements des pays sont connus d’avance. Un accord universel ferait de Paris un succès, c’est-à-dire d’amener les principaux pollueurs à s’engager à une neutralité de carbone jusqu’en 2100 et couvrir ainsi 75% des émissions globales. Afin de réussir un accord juste et équitable, plusieurs questions doivent être résolues : Comment donner corps au principe pollueur-payeur ? Comment démocratiser l’accès aux technologies vertes ? Comment financer la protection des populations face au changement climatique ? Pour Canfin et Staime, la taxe sur les transactions financières pourrait contribuer pour une grande part à ce financement. Les collectivités locales et les citoyens, qui ne sont, eux, pas invités à négocier à Paris, peuvent tout de même agir à leur échelle, montrer leur engagement et ainsi influencer la COP21 et protéger le climat.

Economie, la quatrième partie, explique les conditions pour une économie davantage écologique et les bénéfices que nous pouvons en tirer. Réussir une économie neutre en carbone par la réduction des émissions tout en créant des puits de carbone (p.ex. par le reboisement) demeure un défi majeur. Pour cela, la coopération avec les entreprises (p.ex. en favorisant les engagements volontaires) semble essentielle, cependant il est important d’éviter l’écoblanchiment par des mécanismes de contrôle. Le développement de nouvelles technologies vertes doit être au cœur du plan de sauvetage du climat. Pour cela, le marché financier devrait davantage valoriser les investissements écologiques pour faciliter la transition. En tant que premier investisseur, l’État doit cesser de subventionner les énergies fossiles. La question des coûts de la transition peut être rapidement close : oui, il va falloir investir des grandes sommes, mais il serait de toutes façons plus coûteux de ne pas agir et de subir les conséquences d’un changement climatique débridé.

Les 12 propositions de Canfin et Staine « pour faire de Paris un succès » (pages 127 à 139) :

  1. Adopter un objectif de zéro émission nette d’ici à la fin du siècle
  2. Créer des mécanismes pour rehausser l’ambition dans les cinq à dix ans
  3. Créer une « Cour des comptes internationale du climat »
  4. Instaurer une taxe sur les transactions financières pour le climat
  5. Mettre en place un programme de recherche et de déploiement des technologies vertes
  6. Mettre en place un prix plancher et plafond du carbone
  7. Instaurer une contribution à la protection des forêts tropicales pour le secteur aérien
  8. Investir dans la restauration des terres dégradées
  9. Réorienter les subventions aux énergies fossiles vers les énergies renouvelables
  10. Faire de la commande publique un outil-clé de la lutte contre le dérèglement climatique
  11. Trouver un accord sur les 100 milliards de dollars promis à Copenhague
  12. Aider les pays les plus pauvres à s’adapter et réallouer 1000 milliards de dollars d’investissements privés vers l’économie bas carbone

Voir aussi: Interview avec l’auteur, Pascal Canfin.