Ce mardi 27 avril, 18h, à l’Espace Délicat & Scène du Cinéma des Carmes (7, rue des Carmes à Orléans) une conférence-débat s’intéressera à la problématique des transports urbains et de l’environnement, par un retour historique sur les combats écologistes menés pendant les années 1970. En matière de mobilité urbaine, les enjeux environnementaux étaient déjà d’actualité, et l’écologie politique en faisait déjà aussi l’un de ses axes majeurs de réflexion.
Une mise en perspective sans nul doute intéressante, menée par Mathieu FLONNEAU, maître de conférences en histoire contemporaine à Paris I et Sciences Po Paris et Arnaud PASSALACQUA, enseignant-chercheur à l’Université de Reims Champagne-Ardenne.
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La société contemporaine est quotidiennement contrainte de se définir par rapport à son propre environnement, que ce soit sur les plans politiques, sociaux ou économiques. La référence à l’écologie, soulignée plus souvent que réfutée, est aujourd’hui un passage obligé de l’action et de la pensée. Cet état de fait est probablement nouveau, mais n’est pas sans racines. Ainsi le concept de développement durable, aujourd’hui inscrit dans la constitution française, possède déjà une histoire ancienne, puisqu’il fut avancé en 1987. Le récent sommet sur le climat qui s’est tenu en décembre 2009 à Copenhague n’est lui-même que le lointain héritier de la première conférence mondiale sur l’environnement, organisée à Stockholm en 1972. D’une ville scandinave à l’autre, il est d’ailleurs possible de s’interroger sur les progrès de la gouvernance mondiale en la matière, en près de quatre décennies.
Le souci écologique n’est donc pas une nouveauté d’un XXIe siècle qui semble toutefois aborder plus massivement cette question que ne l’avait fait le dernier tiers du XXe siècle. Néanmoins, lorsque les acteurs contemporains traitent de l’environnement, il n’est pas rare que leur discours fasse écho à ceux, plus ou moins audibles, tenus au cours des années 1970. Ainsi, les premiers travaux du Club de Rome, publiés en 1972, se trouvent régulièrement convoqués sur la scène publique contemporaine, tandis que l’utilisation du concept de décroissance résonne d’une décennie à l’autre. Le thème de la crise – économique, écologique, énergétique, industrielle… – joue alors le relai entre ces deux époques. Au-delà des différences de contexte entre aujourd’hui et hier, les premiers penseurs de l’écologie politique ont refait surface dans la presse.
Conscients des phénomènes de répétition que connaît l’histoire, il convient donc de nous interroger sur les ruptures et les continuités d’une telle reprise des discours. La mobilité urbaine est un domaine particulièrement pertinent pour mener cette réflexion. En effet, la ville, par le logement mais surtout par ses transports, constitue, aujourd’hui comme hier, une icône de cette crise environnementale. L’automobile se trouve ici mise à l’index, le simple rappel de sa contestation au cours des années 1970 devant faire réfléchir au rejet contemporain dont elle fait l’objet, alors qu’elle a alimenté depuis lors notre « dépendance » vis-à-vis d’elle. La relance des transports urbains, par le tramway qui fait figure de solution contemporaine incarnant le nécessaire changement d’habitudes, trouve ses origines dans un concours gouvernemental lancé en 1975. La voiture électrique, pour sa part, n’a pas même attendu les années 1970 pour avoir un avenir prometteur, jusqu’à présent toujours décevant. Le parallèle que permet la mobilité est d’ailleurs pratiquement assumé par les acteurs eux-mêmes, le Grand Paris et sa rocade renvoyant au schéma directeur et au RER de ce tournant des années 1970.