Absurde 21

Plus que quiconque, les écologistes ont le souci d’éviter l’étalement urbain et pour cela de faciliter, notamment, l’accès au centre-ville d’Orléans, à ses services publics, ses commerces et son activité associative et culturelle.
Pour parvenir à cet objectif, comme l’énonçait on ne peut plus clairement dès 1999 l’agenda 21 de Genève, parmi les précurseurs et les plus pertinents, « Il est évident qu’on ne peut sérieusement prétendre améliorer l’accessibilité sans prendre en compte une politique de report modal. Celle-ci pour être efficace, doit non seulement promouvoir les modes de transport collectifs, mais aussi limiter l’offre d’accès pour les modes de transport individuels (voitures). Cette limitation passe donc par une double politique :
— Rendre concurrentiels les transports publics par rapport aux transports individuels motorisés en améliorant l’offre : sécurité, confort, rapidité, convivialité.
— Ne pas créer de nouvelles infrastructures qui font effet d’appel de trafic non désiré ;
— Gérer l’offre de stationnement en privilégiant l’accessibilité courte durée et les habitants (macarons) ;
— Créer des aménagements cyclables pour encourager ce mode de déplacement. »

La mairie d’Orléans, qui se targue pourtant d’un agenda 21 exemplaire, ouvre aujourd’hui en hypercentre-ville le parking du Cheval Rouge, en dépit de la proximité immédiate des deux lignes de tram.
Prétendre que ce parking facilitera l’accès des Orléanais aux commerces de centre-ville est une chimère qui repose sur un raisonnement erroné : un tel équipement attire inévitablement plus de véhicules qu’il ne propose de places. En résultera, comme toujours dans cette situation, l’effet inverse de ce qui est souhaitable : engorgements, bouchons, pollutions, stress et difficultés supplémentaires pour les piétons et les cyclistes…

Visites de VIP, inauguration, et offre de gratuité pour les périodes de fêtes de sorte que les Orléanais puissent « découvrir » cet équipement, comme s’il s’agissait d’une nouvelle institution culturelle et touristique… Alors que dans le même temps la mairie se refuse à proposer la gratuité des transports en commun pour faciliter l’accès aux animations de Noël par les modes doux ! Il est regrettable que l’Agenda 21 de la ville d’Orléans se mue de plus en plus en un outil de « greenwashing » qui se préoccupe de sensibilisation et de communication (on le voit ici aussi avec l’habillage « vert » de ce parking), mais renonce systématiquement à promouvoir des aménagements cohérents.

À rebours de la construction coûteuse d’infrastructures qui attirent les voitures en ville, c’est par des équipements dédiés aux mobilités douces et une politique tarifaire adaptée que nous progresserons efficacement vers une meilleure accessibilité au centre-ville, laissant la place aux véhicules de ceux qui ne peuvent vraiment pas faire autrement. Les lieux de loisirs, de culture et de commerce ne s’en porteront en réalité que mieux.
ChevalRouge2